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journalduneregisseuse

7 novembre 2011

Il était une fois

Je rêve de faire du cinéma depuis de nombreuses années. Le monde imaginaire qui circule à l’intérieur d’un tournage m’a toujours fasciné, presque autant que cet esprit d’équipe qui donne l’impression de travailler en famille, ce qui est d’ailleurs tout aussi fictif que le monde dans lequel nous évoluons.

Quand j’étais à l’école, je rêvais comme tous les autres, enfin la plupart, d’être réalisatrice. Bien sûr, je ne connaissais pas les autres métiers du cinéma, celui qui deviendrait le mien en particulier, comme les 9/10 de la population. La régie se résumait à une chose à entendre les gens en parler : Tu t’occupes des sandwichs et du café. Pas très glamour. Et ça ne constitue qu’une infime partie du travail de régisseur. En revanche, c’est ce que les gens en retiennent parce que c’est ce qui se voit au premier abord lorsqu’un parfait inconnu débarque sur un plateau. Tu veux un café ? Va à la régie. Les gens ignorent ce que nous faisons réellement. Jusqu’à ce qu’ils aient besoin de nous pour n’importe quoi, et quand je dis n’importe quoi…

Pour prendre une image que tout le monde pourra saisir, les régisseurs sont un peu des supermen dans la peau d’un Clark Kent. On passe inaperçu, mais aucune mission ne nous fait reculer, de la plus simple (où sont les toilettes ? ) à la plus folle. (Je veux faire nager une armoire) Et chacune de ces missions se doit d’être remplies.

Mais pour mieux comprendre cette profession, mieux vaut entrer dans le vif du sujet.

Cela va faire sept ans que je fais ce métier. J'ai l'impression d'avoir oublié tout un tas de choses saugrenues qui me sont arrivées. Pourtant il y en a eu!

Ce sera la vocation de ce journal, tout noter, pour ne surtout rien oublier!

Je sors d'un long-métrage de cinq semaines qui m'a laissé un peu sur ma faim. Pourquoi? Ben, l'ambiance était pas vraiment là... Pourtant toutes les conditions étaient réunies. Une équipe sympa, un directeur de production que j'aime beaucoup et que je respecte, des conditions de travail plutôt bonnes... Mais un ennui! Pour tout dire, je n'attendais qu'une chose: qu'il soit terminé!

Pourtant, j'avais un supérieur vraiment chouette, et rien que pour ça, je ne regrette pas de l'avoir fait. Et puis les comédiens étaient vraiment sympas eux aussi.

Bon bien sûr, il y a eu des demandes complètement saugrenues, qui pour une fois n'étaient pas insurmontables, juste... Lourdes.

Par exemple: Pourquoi lorsqu'on achète du chocolat à 75%, les gens le veulent à 85%? Pourquoi quand on achète de la Badoit, c'est dans la San Pellegrino qu'ils veulent?

La régie est-elle en train de se transformer au fur et à mesure en service des récriminations et caprices? Je me souviens d'une époque où seuls les comédiens se permettaient des caprices. Mais comment réagir quand tout une équipe se considère soudain comme la star du film? Quand les missions régie se centrent sur un facteur à la demande?

Eh bien je trouve qu'on perd de vue l'essentiel de notre métier. Quand prend-on le temps de résoudre les problèmes plus sérieux d'électricité (réussir à fournir 36kw en triphasé en pleine campagne) quand on est assailli de demandes farfelues digne d'un supermarché ambulant? C'est peut-être ce côté dépréciatif de l'évolution de mon métier qui a conduit à l'ambiance morose du film.

En effet, nous tournions un jour dans un appartement (décor parfaitement simple s'il en est) et nous avions installé notre loge dans un autre (même immeuble, appart vide, le nirvana) seulement, alors que nous allions entamer notre seconde nuit sur ce lieu, catastrophe, soudain, plus d'électricité dans la loge. Ni une ni deux, coups de fils multiples à EDF, au propriétaire, aux électros de notre équipe pour dépanner le problème, (qui ne sera finalement résolu que le lendemain, en milieu d'après-midi, mais c'est une autre histoire...)

Toujours est-il que nous avons dû tirer une ligne depuis le branchement de l'autre appartement afin que the show must go on! Bon, tout aurait été parfait, si nous avions pensé à mettre une lumière dans les toilettes (petit problème résolu un peu trop tard...) en effet, la blague était lancée dans l'équipe, et c'était à celui qui serait le plus inventif, de la lampe frontale des électros, au briquet du comédien, en passant par la lueur des téléphones portables, mais qui a dit qu'on ne s'amusait pas? ;-p

Un concours aurait pu être lancé, mais les possibilités se serait peut-être rapidement épuisées...

Tout ça pour dire qu'on a pas une vie facile... (;-D)

Ce n'est qu'une parenthèse bien sûr, mais il y a certainement eu des moments mémorables, dois-je parler de mon petit souci de barnum cantine et de la mafia des chaînes hertziennes en coopération avec les commissariats de Paris?

Non, je vais garder ça pour un prochaine article, mieux vaut ne pas tout révéler à la première lecture, où serait le suspens?

Et puis, je ne vais pas rester à moin dernier tournage, pour le prochain, je pourrais écrire en live, maintenant que le blog est créé! En attendant, pourquoi pas un petit flashback sur les pires tournages qui ont jalonnés mon parcours? Y a moyen d'en tenir au moins sur 100 pages...!

Allez, c'est décidé, pour le prochain article, je raconterais l'un de mes premiers court-métrage, parce que celui là, si je ne l'avais pas vécu, j'hésiterais à y croire! (On fait beaucoup de choses lorsqu'on apprend, sans savoir qu'on a le droit de dire non!) Mais j'y reviendrais!

A plus tard!

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